Elle ne sort désormais plus sans son atomiseur à mélancolie. Trop d’enthousiasme alentour, trop d’euphorie. Les bandes de joyeux drilles et de gais lurons pullulent. Qui peut prévoir si au détour d’une rue, sans crier gare, on ne va pas vous éclater de rire en plein visage ou plus insidieusement vous décocher un sourire bienveillant ?
Marre des cris de joie et des fous rires de la marmaille, qui glacent le sang et hérissent les poils ! Assez de ceux qui s’esclaffent ou qui se poilent, de ceux qui rient comme des baleines, à gorge déployée, à perdre haleine : que n’en voit-on pas plus souvent effectivement mourir de rire !
Qu’on s’approche un peu trop d’elle, qu’on relève ne serait-ce que légèrement les commissures des lèvres en sa direction, pschitt pshitt, elle vaporisera et répandra autour d’elle de la mélancolie, comme une pieuvre, son encre.
Vous broyez du noir cet automne ? Il est fort à parier que vous ayez manifesté, il y a peu, trop de gaîté en sa présence …