Textes de création

Parce que la situation devenait intenable, je décidai de mettre enfin de l’ordre. Mais il m’en fallut du courage pour affronter la paperasse en pagaille qui s'entassait dans mes tiroirs saturés et celle qui, faute de lieu de rangement convenable, avait fini par s'amonceler un peu partout.

Apeine sortions nous des portes du palais
Pour goûter de la mer les salubres bienfaits,
La douce Mélanie s'avançait noble et fière,
De ces lieux seul un homme entachait le mystère;
Sa tête d'une poire adoptait le contour;
Vers les eaux, lentement, il portait un pas lourd.
Levant les yeux au ciel, Mélanie s'inquiète :
«Pourquoi donc un canard cancane sur nos têtes?
Il semble nous guetter d'un œil plein de courroux
Et je crains d'être enfin la cible de ses coups.
Je penche pour le choix d'une prompte retraite…»

Et soudain, il m’emboîta le pas, ne me quitta plus d’une semelle, sangsue de talon accrochée à mes basques, plus singe encore que mon ombre. Je pressai le pas pour me débarrasser de ce pot de colle, mais il était tenace, le bougre ! S’il paraissait me tenir en bride, c’est moi qui, le mors aux dents, le menais de droite et de gauche, zigzaguant et bifurquant sans crier gare. Peine perdue ! Je ne parvenais toujours pas à semer ce crampon, ce casse-pied. Je courais maintenant comme un dératé mais sentais toujours, dans ma nuque, le souffle haletant de celui qui me filait le train. Malgré tous mes efforts, je ne gagnais pas une once de terrain. Il était encore et toujours derrière moi, véritable rémora me ventousant le dos.

Pris de panique, je décidai de demander de l’aide et entrai en trombe dans le premier poste de police rencontré sur mon chemin, suivi à la trace par mon persécuteur.

C’est ainsi que j’amenai directement dans la gueule du loup le pickpocket dont les doigts, coincés dans la poche arrière de mon pantalon, s’étaient frottés d’un peu trop près à mon nouveau portefeuille en croco.