Et soudain, il m’emboîta le pas, ne me quitta plus d’une semelle, sangsue de talon accrochée à mes basques, plus singe encore que mon ombre. Je pressai le pas pour me débarrasser de ce pot de colle, mais il était tenace, le bougre ! S’il paraissait me tenir en bride, c’est moi qui, le mors aux dents, le menais de droite et de gauche, zigzaguant et bifurquant sans crier gare. Peine perdue ! Je ne parvenais toujours pas à semer ce crampon, ce casse-pied. Je courais maintenant comme un dératé mais sentais toujours, dans ma nuque, le souffle haletant de celui qui me filait le train. Malgré tous mes efforts, je ne gagnais pas une once de terrain. Il était encore et toujours derrière moi, véritable rémora me ventousant le dos.

Pris de panique, je décidai de demander de l’aide et entrai en trombe dans le premier poste de police rencontré sur mon chemin, suivi à la trace par mon persécuteur.

C’est ainsi que j’amenai directement dans la gueule du loup le pickpocket dont les doigts, coincés dans la poche arrière de mon pantalon, s’étaient frottés d’un peu trop près à mon nouveau portefeuille en croco.